Tout arrive ! À la veille de ses 100 ans, Edgar Morin m’est apparu pour la première fois de mon existence par la parole et non par l’écrit durant un bon bout de temps[1]. Impressionnant !
Une heure trente pour évoquer son itinéraire durant un siècle, ses soixante livres, son universalisme, son engagement pour les révolutionnaires espagnols, celui en tant que résistant qu’il commenta de la manière suivante : « Je voulais vivre en résistant et pas survivre en me planquant » et l’occasion de rappeler que l’on peut résister pacifiquement : « J’ai foi dans la fraternité humaine », clama-t-il encore avec une conviction communicative, tout en reconnaissant avoir sous-estimé l’horreur du nazisme, mais il avait 20 ans à l’époque et n’avait pas encore assez d’expérience dans la vie, malgré la perte traumatisante de sa mère à l’âge de 10 ans.
Exclu du Parti communiste français après sa rupture avec le communisme de Staline, cet allergique au fanatisme expliqua clairement que la France identitaire ne peut être que fermée sur elle-même, alors que la France humaniste est multiculturelle comme son origine d’ailleurs : « La France n’est-elle pas formée par l’Alsace, la Bretagne, Nice, le Languedoc et d’autres régions ? »
L’inventeur du mot « yéyé » aborda le concept de la liberté qui est, selon lui, dans la volonté de considérer le monde et, aussi, l’état de la planète : « Elle est emportée dans un déferlement techno-économique libéral et la pandémie démontre que malgré lui, l’infiniment petit, comme le virus, reste important et nous rend fragile. »
Pour Edgar Morin, les prises de conscience sont absolument nécessaires, celle, entre autres, de changer de voie pour retrouver la solidarité et non plus vivre le gigantesque vide politique actuel, reprendre le chemin vers l’humanisme et surtout pas vers la révolution violente, comme la pensée de Marx qui fut dénaturée par Staline et consorts.
Il donna plusieurs pistes pour tendre vers cette nouvelle voie :