Au procès à Vannes, Joël Le Scouarnec a été condamné à la peine maximale prévue par la loi : vingt ans de réclusion criminelle et une période de sûreté des deux tiers. Autrement dit, l’ancien chirurgien, aujourd’hui âgé de 74 ans, ne pourra pas sortir de prison avant une peine d’emprisonnement d’environ quatorze ans.
A Vannes, durant les trois mois d’audience, il a fini par reconnaître toutes les agressions sexuelles et viols commis sur 299 jeunes patients, entre janvier 1989 et janvier 2014 : 256 de ses victimes étaient alors âgées de 15 ans et moins. Mais ce procès a-t-il pour autant permis de répondre à toutes les questions posées par l’affaire du plus grand pédocriminel jamais jugé en France ? Non, des interrogations ou zones d’ombre demeurent.
A commencer par le nombre total de victimes qu’a pu agresser Joël Le Scouarnec ? Davantage que 299, c’est une certitude. Dans le box des accusés, il a ainsi reconnu avoir commis des violences sexuelles sur sa petite-fille. Il a encore laissé entendre qu’il avait pu en commettre sur d’autres patients qui ne figuraient pas dans ses carnets. Une nouvelle enquête doit être menée pour essayer d’identifier d’autres victimes.
Autres interrogations : pour quelles raisons les autorités médicales n’ont pris aucune sanction ou aucune mesure de protection (vis-à-vis des patients) après sa condamnation, en 2005, pour détention d’images pédopornographiques ? Et pourraient-elles encore être poursuivies ? Une interrogation qui pourrait également concerner son ex-femme qui a soutenu à l’audience qu’elle ignorait tout des violences sexuelles commises par son mari… Là aussi, une enquête pour non-dénonciation de crimes et délits est toujours en cours.
Ce que n’aura pas permis d’éclairer le procès, c’est comment Joël Le Scouarnec est devenu un tel pédocriminel ? Qu’est-ce qui pourrait expliquer dans son parcours de vie de tels troubles du comportement sexuel ? Sur ce point, l’accusé n’a apporté aucune réponse ni ses proches ni les experts.
Enfin, Joël Le Scouarnec sortira-t-il un jour de prison ? Oui, probablement, sachant qu’il a déjà effectué huit années d’emprisonnement. Mais sa condamnation à vingt ans de prison pose la question de la manière dont les violeurs en série sont poursuivis par la Justice. Nombre de victimes ont exprimé leur souhait que l’accusé soit condamné à la perpétuité. Un vœu pieux en l’état de la législation.
Ce sont toutes ces questions que nous abordons dans notre podcast avec deux des journalistes d’Ouest-France qui ont suivi le procès : Yvan Duvivier et Pierrick Baudais.