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Désobéissance et paradis

Littérature Sans Frontières • Fréquence Terre
Littérature Sans Frontières • Fréquence Terre
Episode • Apr 24, 2018 • 6m

Littérature sans Frontières est une chronique de Pierre Guelff.

Voici, tout d’abord, quelques réflexions pour une première chronique consacrée à l’essai « L’impératif de la désobéissance » du philosophe et écrivain Jean-Marie Muller aux Éditions du « Passager clandestin », ensuite, dans cette même rubrique, un lien avec le roman « La traversée du paradis » d’Antoine Rault chez Albin Michel, lien qui, en somme, corrobore les propos du premier ouvrage abordé.

Ainsi, la désobéissance civile est devenue un impératif éthique et peut certainement contribuer à  rétablir la démocratie fortement mise à mal sous toutes les latitudes depuis quelques années.

Plutôt que de longs discours, j’ai extrait plusieurs passages significatifs de Jean-Marie Muller : « Si nous ne sommes pas responsables de tout le bien que nous ne faisons pas, nous sommes entièrement responsables du mal que nous faisons. »

Ce postulat entraîne, bien entendu, des explications. En voici une première : « Je suis libre en obéissant à la loi lorsque celle-ci garantit une juste égalité des chances pour tous, je ne peux rester libre qu’en lui désobéissant lorsque ce n’est manifestement pas le cas. »

Pour illustrer cela, faut-il rappeler que, lors d’élections, le citoyen ne donne pas sa voix à un candidat, car ce serait abdiquer, se soumettre, promettre l’obéissance, mais il prête sa voix à celui qu’il veut élire, d’où, son droit démocratique d’avoir droit au chapitre et de se faire entendre.

À ce propos, l’auteur dit : « C’est en acquérant le pouvoir de dire non à l’État que le citoyen à l’autonomie qui fait de lui un homme moralement responsable de ses actes. »

Mais, il y a un critère décisif, qui est mien aussi : « Les campagnes de désobéissance civile sont essentiellement non-violentes ».

Dans les premiers chapitres de son essai, Jean-Marie Muller analyse les écrits et actes de quelques pionniers dans le genre, dont Étienne La Boétie qui, au XVIe siècle, écrivait : « L’habitude de servitude éteint le désir naturel, originel et primordial de liberté. » et  de prôner l’union des dissidents pour faire chuter les tyrans. Même constatation pour Henry David Thoreau au XIXe siècle : « La plupart des hommes servent l’État avec leur corps et non avec leur conscience. » D’où, « désobéir à une loi injuste, ce n’est pas seulement exercer un droit ou accomplir un devoir, c’est essentiellement affirmer sa liberté. »

Quasiment à la même époque, Léon Tolstoï sortait de ses gongs : « Partout où il y aura le pouvoir des uns sur les autres, c’est-à-dire le peuple, il n’y aura pas de liberté mais souvent de l’oppression. Mais, ce qui fait la force de tsars, de gouvernements et de tous ceux qui collaborent à leurs basses œuvres, c’est l’obéissance des individus à accepter de mettre eux-mêmes en œuvre la violence dirigée contre eux. Je m’indigne de voir, soulignait l’écrivain, les hommes obéi

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