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Un « autre » Daudet : « Je partirai pour les terres lointaines » de Paul Couturiau (Éditions Jourdan) : bouleversant !

Littérature Sans Frontières • Fréquence Terre
Littérature Sans Frontières • Fréquence Terre
Episode • Sep 28, 2016 • 3m

 

PGF FT300« Littérature sans Frontières » est une chronique de Pierre Guelff.

Marie-la-Parisienne, 17 ans, abandonnée par ses parents, recueillie par une chiffonnière, explique : « J’ai commencé à payer ma dette en allant mendier à la porte des églises, mais comme les hommes me trouvaient à leur goût, mes charmes ne tardèrent pas à devenir mon principal gagne-pain. » Et puis, poursuit-elle, « au matin de ce 23 novembre 1923, je me suis réveillée au beau milieu d’un rêve… »

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Paul Couturiau.

Ainsi débute l’énigmatique et poignant roman « Je partirai pour les terres lointaines » de Paul Couturiau, publié aux Éditions Jourdan. Cet auteur, dont il a déjà été question dans la présente rubrique avec de remarquables ouvrages tels « L’Abbaye aux Loups » (Presses de la Cité) ou « L’Ange de la Renardière » (Lafon), s’attaque – le mot est choisi – à une intrigue judiciaire et historique qui porte six lettres : DAUDET.

Le rêve de Marie ? Un adolescent de 15 ans avec qui elle partagea une nuit. Et quelle nuit ! Il lui déclama Baudelaire, lui dit qu’il s’appelait Philippe Daudet, lui montra l’un de ses poèmes où il était question d’un « là-bas… de terres lointaines »… Elle en pleura, elle la « couche-toi-là », et le supplia de l’emmener avec lui. Il refusa.

9782874664250_1_mDix ans plus tard, Marie, par la plume délicate de Paul Couturiau, se souvient : « C’était à l’aube de ce 23 novembre où la mort t’avait donné rendez-vous et où, sourd à mes prières, tu choisissais d’aller crânement à sa rencontre. Tu as été la première personne à me traiter non comme un fardeau ou une marchandise, mais comme un être humain. Parfois, je songe que si tu avais vécu… mais, l’histoire ne se réécrit pas, n’est-ce pas ? »

L’auteur a amplement raison. L’histoire ne se réécrit pas, mais elle peut s’écrire et, dans ce cas-ci, le nom « Daudet » prend une tournure particulièrement dramatique. Daudet, c’était un nom écrit en lettres d’or mais, au fil de l’ouvrage, ces lettres se teintent de rouge. Rouge de honte, rouge de sang, rouge de révolte, rouge de l’assassinat ou du suicide de Philippe Daudet ?

Ainsi, que penser de cette magistrale phrase : « Rejeter la faute sur autrui a toujours eu des ver

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